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2006
1e Veillée Funèbre du projet NÉCROPOLES, un événement de Farine Orpheline cherche Ailleurs Meilleur.
Ce groupe d’artistes interdisciplinaires occupait des lieux urbains en transformation pour y mettre la vie en relief par une action artistique et sociale (1996-2008).
Collaboration de Pascale Galipeau à titre d’ethnologue et écrivain public.
Photo : François Lafrance
1985
Coton, fil à pêche et ruban de cuivre.
1975-1980
Fils à broder et perles sur cuir, 76 x 36 cm (30 x 14 po)
Photo : François Lafrance
1975
Affiche du Ministère des affaires culturelles pour la mise en valeur des MÉTIERS D’ARTS.
Photo : François Lafrance
1977
Papier mâché, tissu et polymer
1980
Salon des Métiers d’arts.
Coupe Alain Croteau, textile Pascale Galipeau.
1992
Catalogue d’exposition. Photocopie .
Pascale Galipeau, ethnologue et conservatrice.
1985
Broderie de soie sur tissage leno
1975-1980
Appliqué et broderie sur tissu, 43 x 58 cm (17 x 23 po).
Collection Jacques Galipeau.
Photo : François Lafrance
1981
Feutre et perles
1985
À l’école Bonsecours devant sa tapisserie de Mère Marguerite-Bourgeois.
Autour de la mémoire de Cécile Auger (1906-2002) mon mentor en Textile
À 18 ans, pour répondre à la question lancinante de ma carrière, j'ai choisis d'aller vers ce qui me plaisait le plus, ce que j'avais exploré de mes dix doigts depuis ma prime jeunesse. Pour mon premier voyage de jeune adulte, je portais une robe que j'avais taillée et brodée d'un mandala. Ce vêtement m'allait bien et je le portais beaucoup. J'y ai vu un signe, je serai brodeuse ! Alors j'ai cherché une école où je pourrais suivre des cours. Comme je n'avais pas de références, faute de mieux je cherchais chez les congrégations religieuses. J'appelais à tout hasard à la congrégation Notre-Dame et une voix un peu sèche me répondit : Sœur Cécile Auger à l'appareil – j'exposais ma demande, que je cherchais une école de broderie – ici on n'enseigne pas la broderie, mais le tissage, venez donc faire un tour. Et elle me donna l'adresse rue Bonsecours, dans le Vieux Montréal. À mon corps défendant, mais peut être parce qu'elle m'avait subjuguée, je suis allée voir la fameuse école, en fait 3 salles de classes lumineuses sur la rue de la Commune, où nous étions accueillies par des vieilles souris chuchotantes et discrètes. L'armée de métiers à tisser blonds sur les parquets de bois, les géraniums sur les bords de fenêtre, la leçon de piano au loin, ont eu raison de mes défenses. Soit! à défaut de broderie, j'apprendrai le tissage basse-lisse. Oh! la technique ne m'a jamais beaucoup intéressée et si j'ai fait les échantillons c'est bien pour ne pas décevoir celle qui est devenue notre chère Sœur Cécile. Éternellement vêtue de son costume noir de religieuse qu'elle avait tissé elle-même, un voile noir également sur ses cheveux blancs tirés en arrière, sœur Cécile avait la mi-soixantaine en 1970 quand je suis arrivée à l'école. Cette époque fut une bulle hors du temps où j'ai appris la toile, le sergé mais aussi les patrons classiques du frappé, du boutonné, le basket-weave, les lisières droites, les couleurs atroces… le tout avec des matières tout aussi misérables – c'est pas important ce ne sont que des échantillons... Sous la gouverne des religieuses (asexuées par vocation), l'apprentissage de l'artisanat ne pouvait prétendre à la sensualité des matières. Le désintérêt de Sœur Cécile pour l'esthétique ne fit qu'exacerber mon goût des textures et de la couleur. Je n'étais pas la seule à m'intéresser aux secrets du textile, nous étions en plein Flower Power et le patrimoine avait la cote. D'autres étudiants s'inscrivirent, tout aussi avides d'apprendre le tissage : mes copains Charles L. et Louis H., avec leurs cheveux balayant les épaules, un type qui venait avec son chien, Brumus qui revenait d'Amérique du Sud, puis Manon T, Venise.... toute une gang disparate que Sœur Cécile accueillait sans façon, et presque sans préjugés. Elle avait sa manière bien à elle d'exprimer ses réticences que nous avions décodées à sa façon de dire, dubitative : c'est intéressant. Son âme de chercheuse l'avait poussée à développer le tissage Jacquard avant que l'ordinateur ne s'en mêle. Mais ses projets avaient toujours des connotations religieuses comme cette petite tapisserie de Marguerite Bourgeois avec son bâton de pèlerin. Un jour elle me montra un grand croquis quadrillé dont je ris encore, une centaines de petites cases avec au centre la tête du pape entourée d’ampoules, de toute beauté ! Et puis, il faut dire que notre amitié ne tenait pas seulement au textile, il y eut un événement qui allait resserrer nos liens d'étrange façon. Nous étions à l'automne '70 et début octobre se produisirent les événements que l'on sait. Dans la nuit du 16, en même temps que 500 autres personnes, mes parents furent arrêtés à notre domicile... Comme j'avais cours ce jour là, je me suis rendue tout de même à l'école de la rue Bonsecours. Un peu ébranlée par tout ce qui s'était passé, je racontais l'épisode du matin à Sœur Cécile : l'intrusion des soldats, le réveil en sursaut, la longue attente dans le salon et finalement le départ des parents sans que l'on soit informé de leur destination ni de la durée de la séparation. La religieuse se sentit obligée d'aller en parler aux autres membres de sa communauté. Pour me dire, plutôt mal à l'aise que ses vieilles compagnes étaient très inquiètes – certaines avaient connu la guerre – qu'il valait mieux que je parte, que si l'armée venaient me chercher ici... que... n'importe quoi. J'étais chassée par quelqu'un qui me voulait du bien.... Ce petit événement d'octobre n'aura pas eu de conséquences en soi – j'étais déjà habituée à la marginalité de ma famille et ne m'étonnais pas de sa réaction- mais il aura servi de ciment entre Soeur Cécile et moi, quand, la poussière ayant retombé, elle s'excusa de son manque de charité chrétienne. Son remords m'a touchée, et nous a rapprochées chacune de nos univers si différents. Toujours, tout au long de sa vie, je suis retournée voir chère Sœur Cécile, lui apportant des photos de chaque exposition pour qu'elle voie un peu où j'étais rendue.
Je crois qu'elle a été une des femmes marquantes de mon existence, même si nos goûts, nos principes de vie avaient peu à voir, elle fut une sorte de bon ange à la tendresse camouflée qui explosera pourtant quand je lui annonçais la naissance de ma fille Marie. Lors de mon dernier déménagement, je suis tombée sur sa lettre complètement lyrique comme si la maternité lui était redonnée par personne interposée, avec en prime les transports du culte marial. Ses mots m'ont saisie comme un poème par sa vague amoureuse. Très chère Sœur Cécile, j'ai maintenant sur la terre chez nous face à la gloriette, un petit sapin qui a grandi pas mal, oh! presque huit pieds je crois, c'était un petit arbre que vous aviez parti à la graine, et il se déploie fièrement déjà. Oui, je vous vouvoie encore et c’est plein de déférence affectueuse.
Bientôt dans l'atelier installé depuis ces lointaines années 70, je vais remonter mon métier et penser à vous en en ourdissant la chaîne, en faisant mes croisées, bien attachées pour ne pas emmêler mes fils. Vous m'avez appris mon premier métier, celui auquel je reviens toujours contre vents et marées. Celui qui m'apaise et me libère des démons. Celui où je recrée mon monde.
Photo : Marc Cramer
1977
Work in progress, rue Saint-Denis et Ontario, Quinzaine des Femmes, Montréal
avec Louise Bonenfant
1995
Affiche de l’exposition : l’art populaire du Québec, Musée canadien des civilisations.
Pascale Galipeau, conservatrice invitée.
Un tableau en 3D de Luc Guérard, TIGRE DANS LA CUISINE, figurait dans la collection du futur de ladite exposition.
1993
Affiche de l’exposition : Welcome to our world, Contemporary Canadian Folk Art, McMichael Art Gallery, Kleinburg, Ontario, 1996.
Pascale Galipeau, conservatrice invitée entre autres.
Bois, matériaux trouvés et acrylique, 152 cm (60 po)
Photo : Jean Bernier