D’abord les tissus, l’émotion de la couleur devant les tissus, leur poids, leur joie. Ma mère en rapportait beaucoup, de Pologne, d’Afrique, de Cuba, de Russie, des campagnes du Québec, j’y plongeai mon nez, mes mains. Ai donc brodé moi itou, cadeaux de Noël maladroits, orné les taches d’eau de Javel, laissé mon aiguillée de laine tracer les dessins, brodé les vêtements qui manquaient de Houmf... une adolescence entre la ferveur des livres et le plaisir des fils.
Le tissage par un beau hasard grâce à Sœur Cécile, la religieuse porcelaine au regard d’acier, coup de foudre en Octobre 70, total timing. Petite, j’avais reçu du Mexique un cadre à clous puis très vite, nous avons trouvé un métier à tisser 4 lames, et toujours les perles, les nacres, le choc des tableaux narratifs à l’aiguille de Baker Lake, Nunavut, les couvertures cérémoniales de l’Ouest, sculptées par la cible des boutons, franchise et netteté des matériaux, c’est resté, j’aime la guenille d’amour.
En même temps, porté le chapeau de chercheure, la révélation de l’ethnologie, suite logique du côtoiement des objets parlants, choc des rencontres, langage des outils, le raffinement du quotidien, la création des Patenteux, fulgurance du joual, des mots pour le dire, cueillette de la parole, cavernes d’Ali Baba des musées, découvertes, explorations, mise en valeur des éblouissements.
2020
Guenille sur coton mercerisé, 79 x 104 cm (31 x 41 po)
He took a knee : Concision efficace de la langue américaine.
Littéralement : il a pris son genou et l’a mis en terre.
Aux E.U. habituellement, signe d’allégeance envers le drapeau.
Anciennement au temps de la chevalerie, signifiait respect envers son suzerain.
Dans notre période contemporaine, ce geste évoque Colin Kaepernick, le joueur black de la NFL, qui le premier took a knee contre la violence policière.
Le mélange de ces références me fascine et j’ai voulu y rendre hommage à mon tour mais ça a viré en p’tit fennec aux grandes oreilles, un genou quelque part, des espoirs d’oiseaux, des monstres en grille.
BLACK LIVES MATTER, la vie d’un Noir compte...
Photo : François Lafrance
2016-1021
Guenille sur coton mercerisé, matériaux mixtes, 114 x 104 cm (45 x 41 po)
Photo : François Lafrance
2018
Guenille sur coton mercerisé, 43 x 58 cm (17 x 23 po)
Photo : François Lafrance
2018
Guenille sur coton mercerisé, 48 x 56 cm (19 x 22 po)
Photo : François Lafrance
2015 - 2021
Guenille sur coton mercerisé, matériaux mixtes, 43 x 61 cm (17 x 24 po)
Photo : François Lafrance
2020
Guenille sur coton mercerisé, 114 x 104 cm (45 x 41 po)
Son commentaire lapidaire, trop de rouge.... m’a poussée à dessiner une grille superposée avec mes monstres favoris... et j’ai redécouvert mes perles.
Photo : François Lafrance
2017
Guenille sur coton mercerisé, 61 x 81 cm (24 x 32 po)
Photo : François Lafrance
2015 - 2021
Guenille sur coton mercerisé, broderie traditionnelle thaï, 79 x 66 cm (31 x 26 po)
Photo : François Lafrance
2015
Guenille sur coton mercerisé, 81 x 66 cm (32 x 26 po)
Jack mon père, m’avait dit, regardant ce tableau, pourquoi tu fais des enragés ?
C’est devenu son titre.
Photo : François Lafrance
2018
trame de guenille sur chaîne de coton mercerisé
18 x 22.5 po
Photo : amateure
2016
Guenille sur coton mercerisé, 43 x 56 cm (17 x 22 po)
Photo : François Lafrance
2018
Guenille sur coton mercerisé, 66 x 56 cm (26 x 22 po)
Photo : François Lafrance
Guenille sur coton mercerisé, 43 x 51 cm (17 x 20 po)
Photo : François Lafrance
2020
Guenille sur coton mercerisé, nacre, 66 x 102 cm (26 x 40 po)
Osa Johnson, 1844-1953, rendant regard pour regard au chef Nagapate.
Inspiré du livre, Elles ont conquis le monde,
Les grandes aventurières 1850 -1950, Lapierre et Mouchard 2007.
Photo : François Lafrance
2022
Guenille sur coton, 18 x 23 po
2016 - 2021
Guenille sur coton mercerisé, matériaux mixtes, 46 x 56 cm (18 x 22 po)
Photo : François Lafrance
2016
Assemblage, techniques mixtes : tissage, photographie sur acrylique, bois. 133 x 58 cm (52 ½ x 22 ¾ po)
Crédit photos, de gauche à droite : Robert Etchevery, 1991; Jean Bernier, 1989.
Encadrement : Réal Delisle, 2016.
Collection : Salle Pauline Julien, Montréal.
Les deux oiseaux mythiques de ce tissage figurent deux visages de Pô. Elle était Gémeaux... pleine d’élans et de contre-courants.
Pour travailler, j’avais choisi des guenilles vibrantes, celles qui viennent des vêtements usagés, qui portent encore un peu de souffle. La robe blanche aux picots verts m’appartenait : une robe de friperie, totalement évocatrice du film « They shoot the horses don’t they? » Une robe empruntée in extremis parce qu’elle n’avait rien à se mettre... Pour l’autre animal, le turquoise vient d’une blouse bleu-paon, achetée dans une boutique de Saint-Germain-des-Prés/Parisss...
Cherchant des photos pour structurer le triptyque, j’ai retrouvé ces deux images-là où elle nous regarde directement dans les yeux. Par après, j’ai constaté avec stupeur, qu’elle portait justement ces deux vêtements, ceux-là mêmes inclus dans ma trame.
C’était écrit donc!
Pascale Galipeau, Canton d’Hatley, juillet 2019.
Photo : Serge Robert
J’aime beaucoup cette œuvre!